Nature(S)

« Nature(s) » est une installation évolutive multi-sensorielle qui invite le visiteur à s'interroger sur la relation que les sociétés humaines partagent aujourd'hui avec la nature.
 
La pièce originale forme au sol une vaste sphère composée d'une accumulation de câbles électriques, de chargeurs ou de tuyaux d'arrosages, arbitrairement jetés au sol.
Au centre de cet espace limité, se situe une palette couverte de coussins en tissu de forme carré sur lesquels il est possible de s'assoir.
L’ensemble des câbles forment à leur extrémité une ouverture par le biais de laquelle le visiteur peut accéder et semblent de l'autre coté reliés à un petit ordinateur posé sur une planche de bois surmontée de deux autres palettes de forme rectangulaire.

L'ordinateur affiche quant à lui en boucle une vidéo en noir et blanc d'une fleur en train d'éclore projetée en vitesse réelle durant une durée de 5 minutes. Ces images s'accompagnent d'un assemblage sonore réalisé à partir d’enregistrements d'éléments naturels (la pluie, un battement de cœur, un canard...) que le visiteur peut simultanément écouter à l'aide du casque audio qui lui est proposé.

La nature, en tant qu'entité naturelle qui exclue toute intervention humaine, est ici suggérée au travers de la vidéo sonore mais celle-ci apparaît avant tout comme artificielle, reconstruite à partir d'enregistrements passés par le biais de la technologie et d'une subjectivité dont la rencontre peut par moment déstabiliser le visiteur.
L'image projetée se confronte en effet à des sonorités connues par la personne qui les écoute mais celles-ci sont décontextualisées, parfois même déconstruites, cherchant à questionner le visiteur sur ses attentes et ses propres limites à l'égard de la notion de nature.

Cette expérience immersive, à travers la réflexion qu'elle amène, vise ainsi à interroger notre relation avec l'état de nature mais aussi, par extension, avec l'ensemble de la vie.
La nature, capable d'être à la fois généreuse ou non, exerce depuis l'origine de l'humanité chez chaque individu une véritable fascination et a toujours constitué une condition essentielle pour assurer le devenir de l’espèce humaine.
Cette notion de dépendance est dans cette pièce mise en scène à la fois dans les interactions directes qui s'opèrent entre l'ordinateur et le visiteur mais aussi entre les visiteurs qui s'observent mutuellement.

L'accumulation des câbles et des tuyaux situés tout autour des visiteurs vient quant à elle souligner l'existence d'un paradoxe entre cet attrait de l'espèce humaine pour les éléments naturels et le processus d'artificialisation de cette même nature par l'action des Hommes qui vient peu à peu modifier notre perception sensorielle et intellectuelle de celle-ci. La pièce « Nature(s) » évoque par ailleurs notre faculté à soumettre la nature à notre propre volonté et par conséquent essaye de mettre en lumière notre responsabilité dans une perpective de possible destruction. La forme sphérique située tout autour du visiteur enveloppe ainsi celui-ci à l'image un cocon spacieux, confortable et sécurisant mais à l'évidence illusoire.

Enfin, l'esthétisme de Nature(s) se caractérise par un aspect résolument muable au gré des présentation au public. En effet, tandis que le concept même de l'expérience ne diffère pas avec le temps, les limites de cette pièce varient quant à elle perpétuellement au cours des présentations.
Les nombreux tuyaux et câbles jetés arbitrairement au sol pour former la sphère, composent un assemblage éphémère et fragile profondément attaché à l'action de l'artiste au cours de son installation. Ces éléments, par leur disposition aléatoire, soulignent le dynamisme du processus artistique rappelant le mouvement du process art des années 1960 ou 1970. Par ailleurs, la pièce demeure résolument ouverte à la subjectivité des visiteurs, lesquels sont libres de renforcer les limites en pouvant y déposer à leur tour tout types de câbles (câbles électriques, chargeurs usagés...) ou tuyaux, participant ainsi directement au processus créatif.

Nature(s) désigne par conséquent une pièce éphémère qui souligne l'existence d'enjeux pourtant bien réels rappelant l'urgence de reconsidérer notre rapport avec notre environnement.